Lettre ouverte à Mme le Maire de Monthou sur Bièvre

Publié le par J HOUSSET

Blois, le 20 janvier 2006

 

Tout va très bien, Madame le Maire !

 

Dans l’intéressante page 2 de la « Nouvelle République » du jeudi 5 janvier dernier consacrée aux problèmes de « L’Agglopolys », la déclaration de la sympathique et souriante Maire de Monthou sur Bièvre m’a laissé rêveur. A propos des transports en commun celle-ci a en effet déclaré :« Nous n’avons pas de demandes de nos administrés. Jusqu’à maintenant, ils se sont satisfaits du système mis en place : nous sommes sur le passage de la ligne TLC Blois - Montrichard avec un passage le matin et un le soir. …Beaucoup d’habitants utilisent leur voiture pour aller travailler ou faire leurs achats à Blois ou dans la périphérie. Le problème avec Blois, c’est le stationnement ». Les TUB pourraient-ils venir jusqu’à Monthou comme certains de ses administrés semblent le souhaiter ? « Là, il faut être réaliste. Dans l’immédiat, ce n’est pas possible. Mais plus tard pourquoi pas ? »

 

Je ne voudrais pas sembler m’en prendre personnellement à Madame le Maire de Monthou sur Bièvre : celle-ci a eu, du moins la franchise de dire clairement ce que pense une grande majorité de ses concitoyens, et il est tout à fait légitime et même fort recommandable, de la part d’un élu, d’écouter attentivement ce que disent ses administrés.

 

Restent quelques questions.

 

Quel est, parmi les habitants de Monthou, l’avis des jeunes qui n’ont pas de voiture ou qui n’ont pas encore le droit d’en conduire ? L’avis des personnes âgées qui ne peuvent pas conduire ou qui, pour leur survie ou celle des autres usagers de la route, auraient dû depuis longtemps cesser de conduire ? L’avis des foyers qui auraient besoins de deux ou trois voitures et qui ne peuvent s’en payer qu’une seule ?

 

Quel est aussi l’avis des mêmes catégories de personnes originaires d’autres localités qui souhaitent se rendre à Monthou dans la journée ?

 

Il faudrait aussi demander aux blésois s’ils sont ravis de voir les rues embouteillées, l’air rendu irrespirable, les cyclistes incapables de se frayer un chemin dans les grandes artères, les piétons et les touristes condamnés à des attentes interminables aux feux rouges, les places de stationnement de plus en plus occupées, les plus belles promenades, comme le Mail, transformées en parking, les emplacements pour handicapés, les trottoirs et les aménagments cyclables abusivement occupés par des voitures ?

 

Et que pense toute cette population d’être systématiquement privée de tout transport en commun les dimanches et jours fériés, laissant les promenades et les loisirs sous l’entière dépendance de la voiture privée ?

 

On pourrait enfin, si on le pouvait, demander l’avis des 4 à 5000 victimes de la route dont la mort est quantitativement programmée pour 2006 ?

 

De plus, au delà de cette problématique immédiate, d’autres graves considérations d’avenir sont à prendre en compte : les responsabilités que les élus ont accepté d’exercer devraient les conduire à y sensibiliser leurs concitoyens. Comment notre pays pourra-t-il tenir ses engagements de diminution de production du dioxyde carbonique si, localement, on continue à miser sur le « tout voiture » ? Comment ferons-nous face à l’augmentation inéluctable du prix des carburants pétroliers et même sans doute à leur rationnement drastique résultant du fait que la planète consomme déjà cinq fois plus de pétrole qu’elle n’en découvre et que d’immenses pays vont, dans les quelques années qui viennent, décupler leur consommation ?

 

J’estime que le meilleur moyen de ne pas désespérer de l’avenir consiste à commencer dès maintenant à nous préparer calmement et méthodiquement aux difficultés très graves qui nous attendent. La sagesse consiste à anticiper, au lieu d’attendre les catastrophes pour prendre des « mesures d’urgences » souvent tout aussi catastrophiques.

 

« Impossible » dit-on ? En 1925, les tramways électriques de Blois à Selles sur Cher assuraient 8 allers-retours entre Les Montils et Blois, et ceci tous les jours, y compris les dimanches ! En 1935, un blésois n’avait pas besoin de voiture pour aller le dimanche après-midi cueillir des jonquilles dans les bois de Cellettes : les « Autocars rouges » s’en chargeaient. Je ne veux pas dire par là qu’il faille revenir au bon vieux temps. On ne résoudra pas tous les problèmes en multipliant inconsidérément les dessertes et les fréquences des transports en commun à des coûts qui seraient prohibitifs. Il faudra surtout innover, en utilisant largement les technologies modernes. Nous avons encore un peu de temps devant nous, mais très peu : c’est le moment de lancer des essais.

 

Les transports dans les zones d’habitat dispersé posent des problèmes d’une difficulté incontestable si l’on veut se libérer du « tout voiture » : raison de plus pour affronter dès maintenant les vraies questions d’avenir, au lieu de sembler dire que tout va bien !

 

Encore une fois, je ne voudrais pas avoir l’air de critiquer Madame le Maire de Monthou sur Bièvre, mais, au contraire, la remercier de sa franchise, propice à un vrai débat.

 

 

Jean HOUSSET

Publié dans bougezautrementablois2

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